En Décembre 1963, Rodney Fox fut victime d'une
attaque de Requin Blanc, lors d'un tournoi de pêche à Aldinga Beach,
au sud d'Adélaïde. Il fut emmené
rapidement à l'hôpital où on lui fit 462 points
de suture. Il retourna dans l'eau
trois mois après. Aujourd'hui, il est considéré
comme le plus grand spécialiste du " Grand Requin Blanc ".
Rodney et sa femme ont entièrement rénové
une ancienne caserne de pompiers pour en faire un
" Shark Museum and Nautical Gift Shop " qui s'appel
: " Home of the Great White
Shark ". Il renferme quelques
pièces de collection comme les cages anti-requins
qui ont servi pendant le tournage " Les dents de la mer " ou certains
des films tournés pendant ses expéditions,
ainsi que des fossiles de dents du fameux " Carcharodon Mégalodon"
.
Rodney Fox a raconté à Jean-Michel Cousteau son attaque de Décembre 1963 :
"La compétition avait débutée
depuis environ quatre heures et je plongeait en apnée à 1000
mètres au large de la côte. Quelques
quarante chasseurs sous-marins faisaient de même, et, en raison du
nombre de prises, du sang s'était
répandu dans l'eau en quantité inhabituelle. J'étais
près de gagner, car j'avais harponné plus de poissons qu'aucun autre.
Ayant repéré un "morwong" (grand poisson des profondeurs ressemblant à une
perche) je m'en approchais pour
porter le coup fatal qui m'assurerait la victoire. Mon bras gauche levé
pour plus de stabilité, j'armai mon
fusil afin de tirer. Brusquement je reçois de plein fouet un coup
violent dans la poitrine,
je pers mon fusil et mon masque,
et me retrouve filant à toute vapeur. Je comprends vite qu'il doit
s'agir d'un requin et qu'il me tient comme
un os dans la gueule d'un chien; alors je me mets à lui cogner sur
la tête, cherchant les yeux, seuls points
vulnérables. Il recule soudain. Pour parer le coup, je lance violemment
ma main
en avant, et la voici qui disparaît,
happée par ses dents. Il faudra 97 points de suture pour la recoudre.
Vite, je retire la main avant qu'il
n'en fasse qu'une bouchée. J'ai une idée : je vais le serrer
aussi fort que possible. Je mets les deux
bras autour de son corps, loin de sa tête pour qu'il ne puisse pas
me mordre. Mais je suis en apnée et
je commence à étouffer. Je lâche le requin et me propulse
de toutes mes forces
vers la surface. Je prends deux
ou trois grandes goulées d'air, puis je regarde vers le bas. Ce
que j'ai vu à ce moment là, jamais je ne
l'oublierai. Le cauchemar... celui qui nous hante tous. Juste au-dessous,
l'eau était rouge de sang et une énorme
gueule arrivait droit sur moi, grande ouverte, pour me dévorer.
Le comble de l'horreur.
Je décoche un coup de pied
aussi fort que possible, il s'esquive et commence à me tourner autour.
Au lieu de me mordre, il engloutit un flotteur
en nylon que je tire derrière moi, auquel est accroché un
poisson. Il continue à tourner et arrive
à la fin de la corde en nylon qui relie le flotteur à ma
ceinture et me hâle soudain vers le fond. Le requin va de plus
en plus vite, m'entraînant dans une valse démente. Je tente
de défaire ma ceinture pour me libérer,
mais la boucle de sécurité à glissé et se trouve
derrière mon dos, hors de portée. Je suffoque... C'est la fin, je
vais mourir noyé ou blessé à mort. Soudain, la corde
de nylon se rompt net. Le requin, en me mordant la première
fois, l'a sans doute à demi sectionnée. Elle a cédée
sous l'effet
de la pression, et me voilà
libre. Je regagne la surface comme je peux et je me mets à hurler
de toutes mes forces : UN REQUIN ! UN REQUIN
!... Par miracle, un bateau de sauvetage avait remarqué les nuages
de sang et se dirigeait vers moi au
moment où je refaisais surface. Je fus vite repêché
et ramené au rivage; le sang coulait à flots de ma combinaison
de plongée. Tout en maintenant mes intestins, on me transporta d'abord
dans la voiture, puis dans une ambulance,
et je fus admis au service des urgences d'un hôpital moins d'une
heure après l'attaque. Les dents du requin
blanc avaient creusé des trous béants dans mon torse, mettant
à nu mon estomac,
mes poumons et mes côtes,
presque toutes cassées. Le cercle de morsures s'étendait
jusqu'à mon bras gauche, qui était ouvert jusqu'à
l'os. Il fallut 462 points de suture." ( source : "le grand requin blanc"
de JMCousteau et
Mose Richards aux éditions
Robert Laffont )